Un proche de So arottaque le livre de François Mattéi

6 juillet 2014

Un proche de So arottaque le livre de François Mattéi

Koud

«Pour la vérité et la justice-Côte d’Ivoire : révélations sur un scandale français », c’est le titre du  livre-témoignages écrit sur l’ex- président  ivoirien Laurent Gbagbo par François Mattéi, l’ancien directeur de la rédaction de France Soir. Le contenu de ce livre a fait couler beaucoup  de salive et d’encre en Côte d’Ivoire et dans le monde entier. Un proche de Guillaume Soro l’ex-chef rebelle et actuelle président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a publié une tribune pour contre-attaquer  François Mattéi. Je rappelle que Guillaume Soro est clairement mis en cause dans ce livre. Je vous invite donc à voir le contenu de cette tribune de Mamadou Djibo PhD. Philosophie.

Posture et imposture intellectuelles : Laurent Gbagbo et François Mattéi

« Je n’avais confiance ni en Soro, ni en Compaoré, ni en Ouattara. Je savais que leur but premier était de prendre le pouvoir (…).Il s’agissait pour eux de faire disparaître la Côte d’Ivoire dans un ensemble plus vaste comprenant notamment le Burkina Faso (…) »  dixit le prisonnier Laurent Gbagbo dans un brûlot, cosigné par un porte-plume français.

Dans la forme, venant d’un professeur, cela dénote une paresse insoutenable. A- t-il jamais écrit quelque chose sans aide de quelqu’un ? Ensuite et c’est plus grave, le soi-disant panafricaniste ne trouve aucune plume dans ce vaste monde des Africains patriotes pour l’aider à penser ou plutôt à écrire afin qu’il cosigne tout simplement. Quel mépris ! Dire enfin qu’on se bat contre la France alors même que sans la France des Charles Josselin, donc l’insaisissable  Françafrique, vous n’auriez jamais pu accéder au pouvoir puisque vous n’avez jamais gagné d’élection régulière en Côte d’Ivoire. Même si au demeurant, une éclaircie intellectuelle vous a conduit à confesser à Cotonou que ce fut une « élection calamiteuse » qui vous a sélectionné. Etre un funambule politique vous a conduit assurément là où vous êtes.

Dans le fond, que peut-on dire de cette insulte au panafricanisme authentique et à l’histoire commune et unique du pays binôme jusqu’aux indépendances de 1960 : basse Côte d’Ivoire et haute Côte d’Ivoire ? Venant d’un historien de formation, c’est une hérésie intellectuelle ; d’un ancien chef d’Etat, c’est une bravade à la mémoire des bâtisseurs Houphouët-Boigny qui proposa même la bi-nationalité et de Ouezzin Coulibaly, le loyal et infatigable lieutenant du premier. On aurait même pu penser que le traité d’amitié et de coopération que vous aviez paraphé en 2008 avec le président Blaise Compaoré, dont la quatrième conférence au Sommet se tiendra en Juillet 2014 à Ouagadougou, était en droite ligne de ce destin commun et unique, nonobstant les vicissitudes historiques. Non. Comme toujours, durant votre magistère, vous êtes resté un ivoiritaire embusqué, signant des documents tout juste pour rester au pouvoir et assouvir la vengeance des héritiers de Pépé Paul et cie. Les escadrons de la mort et les meurtres des ressortissants de la Cédéao, essentiellement Burkinabè et Maliens, l’instauration d’une dictature sournoise, voici votre bilan.

Gouverner, c’est d’abord se libérer des processus de thésaurisation de la haine, de la rancune et autres rancoeurs pour incarner un destin. Ne l’ayant pas fait, vous les avez continués par d’autres moyens et êtes parvenu au désastre social et humain qui est votre legs à l’Afrique combattante. Une calamité !

Posture ivoiritaire et imposture intellectuelle de Laurent Gbagbo      

Contre le mensonge voulant que l’on voulait faire disparaître la Côte d’Ivoire, il faut contraposer pas seulement la réalité géopolitique de la restauration en 1948 dans ses frontières de 1932, la Haute Volta, mais aussi la question du lien entre les pères fondateurs que furent Houphouët-Boigny, Ouezzin Coulibaly et Philippe Zinda Kaboré que les élections du 10 novembre 1946 avaient désignés comme députés de Côte d’Ivoire. Ce lien est celui du destin commun et de la responsabilité politique des peuples de cet ensemble. C’est ce lien qu’ils symbolisaient. C’est cette mémoire qui doit être restituée. Je sais que votre posture ivoiritaire s’enracine et perpétue les luttes de quelques sectaires d’antan contre d’autres communautés africaines habitant l’Eburnie, cultivant la haine de l’autre comme fonds de commerce politique. L’Union fraternelle des originaires de Côte d’Ivoire, UFOCI, date de 1929. Quant à la ligue des originaires de la Côte d’Ivoire, (LOCI) initiatrices des violences contre les Dahoméens et Togolais en 1958, elle était dirigée par vos vrais pères spirituels qu’étaient Christian Groguhet et Pépé Paul. Votre assise politique ivoiritaire, loin de prendre son envol à la mort du sage Houphouët-Boigny, le fut sur ces bases là et en droite ligne de la volonté de venger les vôtres, ceux du Guébié. Toute la gymnastique intellectuelle qui a consisté à jeter un voile pudique sur cette ivoirité aux moyens soit disant tantôt du socialisme, tantôt du panafricanisme, n’a eu de prise que sur les dupes. C’est d’ailleurs en raison de certains actes désobligeants de ces ivoiritaires ancestraux, et de la ferme volonté d’être un seul peuple, plus que les raisons strictement économiques articulées autour de l’inclémence de la nature, que les Mogho Naba, Le Naba Kom II, et le Naba Sagha II avec une détermination soutenue demandaient tour à tour cette restauration de la Haute Volta dans ses frontières de 1932.

Un rapport colonial à relire

Un rapport colonial (1), décrivant cette exaspération des Mossé écrit qu’ils étaient : « Las d’être les parents pauvres dans la maison des autres, veulent vivre seuls et chez eux ». Le député Blaise Diagne avait été informé par le Mogho Naba des fâcheuses conséquences de cette dissociation du territoire, habité depuis des siècles par le même peuple, travailleur, discipliné, uni comme un seul homme derrière son chef suprême. L’historien Gbagbo peut-il ignorer ces faits historiques ? A l’évidence non. Ose-t-il au nom de l’asymétrie des postures, se comparer au grand rassembleur que fut le Naba Sagha II, restaurateur de la Haute-Volta dans ses frontières pour prétendre avoir fait échec, lui Gbagbo, à la disparition de la Côte d’Ivoire ? Quelle mythologie ! Les mobiles doivent être donc ceux de mensonge, de camouflage pour mieux abuser des Africains en quête d’un leader charismatique dans un monde qui leur dénie non seulement le strict minimum vital, pire, les atteintes à son socle civilisationnel. L’historien pensionnaire aurait pu, avec sagesse, lui l’admirateur de Soundjata Kéita, du fonds de sa prison, cosigné avec un authentique défenseur de la cause africaine, un livre sur l’espace mandé et la rencontre avec le monde de l’Orient, auquel ont réfléchi quelques vrais panafricanistes, récemment à Bobo-Dioulasso. Non. Son livre cosigné avec François Mattéi ne tronque certes pas les faits établis, mais sachant son idéologie sous-jacente, honnie et maudite par la raison en acte, subrepticement, tente de transmuter l’ivoirité en panafricanisme. Quelle imposture ! Et pourtant, historien, il aurait pu incarner un autre destin pour son pays, une autre vision pour l’Afrique. Il lui aurait suffi de démanteler l’infrastructure ivoiritaire qu’il a subtilement constitutionnalisé en 2000 en manipulant le Chef de la Junte d’alors, le Général Guéi. On aurait dit qu’il a défait ses propres méfaits, une fois parvenu au pouvoir. On aurait épilogué alors sur les multipodes émotionnels et politiques d’un insondable bâtisseur de ponts entre les peuples. Au lieu de cela, il a préféré le lit populiste des absurdités ivoiritaires pour chef imposteur mais, hélas, annonciateur de calamités pour le paisible et fraternel peuple de Côte d’Ivoire.

Devoir de réserve, M. Gbagbo !

Avoir été chef d’Etat impose, même dans la déchéance, un devoir de réserve. Même au plus profond du mât désespoir, la dignité de chef, impose des charges que sont l’honneur et le respect qu’on doit à soi-même et partant au peuple duquel on a reçu le gouvernail. Qui sait, peut-être drapé dans ce voile d’honneur, comme dans les univers de Dante, l’espoir ne se mette de nouveau à venir à soi ? Opposant et avoir eu un bienfaiteur nommé Blaise Compaoré et le peuple du Burkina Faso ; dire que son meilleur premier ministre a été Guillaume Soro Kigbafori et affirmer partout qu’on déposera plainte contre quiconque dénie à Alassane Ouattara, la nationalité ivoirienne pour, finalement, se renier de la sorte, mérite un nom : celui d’un mensonge qui épèle son nom comme s’il était vérité. Ce livre est l’histoire d’une dernière enfarinnade, d’un mensonge qui appelle au secours. Diarrah Sanogo dite Bougouniéré, grande comédienne de Sikasso, dit quelque part ceci : « la vérité est tombée au fonds du puits. Ses appels au secours sonnent comme faux ». Parce que, précisément, le mensonge ne peut se muer en vérité. Ses appels au secours sont corrosifs de la vérité. Ils proviennent d’un abysse si profond qu’ils peinent à percevoir la lumière du jour contrairement à l’allégorie de la caverne de Platon où l’ascèse philosophique l’assure au prix d’un sursaut intellectuel et postural.

Étiquettes
Partagez

Commentaires