Où veut-on qu’ils aillent?

6 octobre 2014

Où veut-on qu’ils aillent?

 sococe

J’ai écouté à la radio le communiqué de la direction des supermarchés sococé, cap sud, prima, etc. relative à « l’envahissement » (mot pris sur ODCI) de leur magasin par les enfants « russes » (ça c’est de moi) à l’occasion des fêtes musulmanes. Ledit communiqué informe surtout que seuls les enfants accompagnés (par les parents) pourront avoir accès aux magasins (Et les autres?). On peut bien comprendre la réaction de ladite direction. Toutefois, on peut aussi se demander: Où veut-on qu’ils aillent?

Nos communes abidjanaises n’offrent absolument aucuns lieux de divertissement public où les enfants (surtout de pauvres) pourraient venir passer du temps à des occasions spéciales comme durant les fêtes. Aucun parc d’attraction, aucune foire, plus de cinéma (pour tous), rien. Alors où peuvent aller nos enfants pour se divertir et se changer des vicissitudes de leur vie quotidienne?

Le zoo d’abidjan n’a plus rien d’attrayant et les « conditions de détention » des animaux rappelleraient bien de misères personnelles. Les glaciers et autres fast-food sont pour la majorité un luxe inaccessible. Plus de bals poussière improvisés, danses de « simpa » ou « goumbé » et fêtes foraines… A nos enfants, il ne reste rien à part les grandes surfaces où ils peuvent venir exhiber le nouveau bazin ou le pagne acheté au prix d’harassantes journées de petits cireurs à Abobo ou de « porteuses de bagages » à Adjamé. Que leur restera-t-il si on devait leur fermer ce seul cadre de divertissement? Nous avons de la chance que certains de nos petits frères et enfant s’émerveillent encore devant des paquets de biscuits ou un sachet de popito. Oui, nous avons de la chance qu’ils gardent encore de leur innocence et parcourent des kilomètres (parfois à pied) juste pour se prendre en photo devant une fontaine ou des étals.

Quand ils n’auront plus que les maquis et fumoirs (où personne ne les chasserait tant qu’ils payent), ils grossiront les rangs des « microbes », des prostituées mineures et autres petits délinquants. Et avec la peur de croiser leur chemin, nous regretterons tous qu’on leur ait ôté leur cadre de divertissement et leur innocence avec… A tous ceux dont la voix porte, dites donc aux dirigeants des supermarchés qu’ouvrir leurs portes à nos enfants, est plus un acte de générosité, c’est un acte de salut public. En ce lendemain de Tabaski, ceci est ma bouteille à la mer de nos consciences et surtout à celle de nos élus et autorités administratives afin que dans nos villes, on recrée des cadres de divertissements accessibles à tous. Aid mubarak

                                                                                                                                                                                          Mouslil D. BAMABA

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